La semaine fut dure. 3 fois nous sommes allés essayer de nous faire une enregistrer auprès des autorités du pays pour essayer d'obtenir le Saint Graal : le kennitala, un numéro de dix chiffres attribué à tout étranger résident en Islande.
3 échecs.
Une fois nous n'avons même pas trouvé l'endroit avant l'heure de fermeture (17h), le lendemain on a appris que l'heure de fermeture était passée a 15h30 (10h - 15h30, des horaires accessibles à tout le monde, sauf ceux qui font quelque chose), ce qui est bien dommage quand on arrive à 16h, et enfin vendredi matin, arrivés à 11h, on nous apprend qu'il nous manque un papier. C'est bien, on ne passe pas pour des glands au boulot à faire 4h de travail par jour pour "aller chercher le kennitala". Ils doivent penser qu'en France, "chercher le kennitala" ça veut plus dire aller boire un coup au troquet du coin qu'autre chose.
Il faut savoir rester zen en toutes circonstances, surtout quand au retour on traverse une tempête de neige, et que le temps d'enfiler un pantalon de ski, le beau temps est revenu.
Pour surmonter ces déconvenues, il est temps d'organiser un petit quelque chose pour le weekend. Alors vendredi après midi, on loue une voiture pour le samedi. De Midi le samedi à Midi le dimanche plus précisément. On veut bien faire un road trip, mais se lever tôt, jamais de la vie. En plus avec un peu de chance, le soir on ira voir des aurores boréales.
Bref, samedi matin, levé 9h30 (sans rire, n'applaudissez pas, c'est tout à fait normal), on va faire les courses (chez nous, ça veut dire acheter des donuts pour le voyage).
On mange un morceau et direction la gare routière pour récupérer la voiture. Enfin c'est ce qu'on croyait. Un grand blond nous attend avec un panneau marqué "Arbelot". Sans dire un mot il nous fait monter à l'arrière d'un van, et toujours aussi silencieux prend le volant et nous emmène à la périphérie de Reykjavik. Hé bien croyez-le ou pas, ça fait bizarre. Mais bon la confiance, ça doit être notre 3ème ou 4ème nature, donc on laisse faire, et on arrive à l'agence de location sans se faire agresser, ou nous faisons l'acquisition d'une magnifique Suzuki Alto noire (pas de twingo...).
Et là c'est parti, en mode beat generation, Kerouac aurait été fier de nous. Bien sûr, pour épicer un peu la chose, on a rien prévu du tout en terme d'itinéraire, mais comme il n'y a pas 36 routes en Islande (routes praticables s'entend), ça devrait aller. Autoradio à fond réglé sur un discours en islandais (la musique c'est trop mainstream), direction l'est de Reykjavik, pour aller voir un peu du pays.
Et je dois dire que rien ne nous préparait vraiment à ce qu'on allait voir.
Au bout d'une trentaine de kilomètres, oubliée la ville, oubliés les maisons, oubliés les gens. La route et c'est tout. Enfin, c'est pas tout à fait tout. Il y avait ça aussi :
Le sentiment qu'on a sur les routes d'Islande est assez indescriptible, c'est grand et vide, mais magnifique. Et les montagnes se succèdent, on est tout seul sur une route blanche, et on est bien, tranquilles.
Mais avant d'aller plus loin, voici le tour que nous avant fait (en jaune clair sur l'image) :
Ce tour est appelé le golden circle, car on y trouve les chutes d'or de Gullfoss, mais on y reviendra. Entre 250 et 300 km, une petite promenade de santé dans le grand froid.
Première étape Þingvellir, à prononcer Thingvellir, lieu historique de l'Islande, car c'est ici le premier "parlement" où se réunirent les chefs Islandais pour décider du futur de la nation *guide du routard inside*. Mais Thingvellir, c'est aussi beau parce que juste a coté il y a un lac, le Laugarvatn :
C'est grand et c'est superbe. On ne s'est pas attardé à Thingvellir, ce qui est peut être une erreur, car visiblement l'endroit est très agréable à visiter. Nous nous sommes dirigés sans tarder vers Geysir (rien qu'au nom, on a une idée assez précise de ce qu'on va y trouver...).
Entre Thingvellir et Geysir, le paysage est vraiment particulier, pour la simple et bonne raison qu'on se trouve à l'endroit ou deux plaques tectoniques se rencontres. On peut donc voir des sortes de mini volcans tout le long de la route (aucun danger, pas d'activité), hauts de deux ou trois mètres.
Encore quelques kilomètres de plus et nous voici à Geysir, ville d'après laquelle ont été nommés les fameux geysers. Facile à repérer, de la vapeur monte jusqu'à 20 mètres de haut, et dans un paysage plutôt plat ça se voit. Le temps de garer la voiture entre 2 cars de touristes, on est parti.
Et c'est là qu'on rentre un peu dans un paradoxe : il fait -5°C, et on se promène au milieu de bassin dans lesquels se trouve un eau dont la température s'élève à pas moins de 80°C minimum. On a presque envie de mettre la main pour tester, mais on ne s'y risque quand même pas. Un geyser qui ne jaillit pas, ça ressemble plus ou moins à ça :
Si on a tout bien compris, l'eau est chauffée en profondeur sous pression et trouve son chemin vers le haut. et quand le bassin commence à être rempli, la pression s'accumule, et ça finit par donner ça :
Avec ce magnifique commentaire "Et ben voilà il a bien jailli ce petit, c'est parfait", qui restera gravé à jamais dans nos mémoires (ou dans la vidéo, c'est tout comme). Ce jaillissement se manifeste plus ou moins tous les quarts d'heure, même si celui-ci n'est pas si précis.
On trouve tout plein de Geysers à Geysir, dommage qu'on ne puisse pas en ramener des miniatures, ça aurait fait bien dans ma chambre. Chose aussi drôle, le sol a coté des geysers, qui prend des couleurs diverses et des formes dues sans doute à des dépôts. Comme on peut s'en douter il y a beaucoup de souffre dans l'eau, alors on imagine que c'est à cela que c'est dû.
Allez, un petit donut pour se remettre de nos émotions, et direction Gullfoss, 10 km plus loin. On nous a dit que si les cascades n'y étaient pas forcément belles elle valaient le coup. Arrivés là-bas, ils s'avère que Gullfoss, c'est deux bâtiments, dont un est une boutique de souvenirs/ restaurant. On est sur un parking un peu désert, et on se demande où ils ont bien pu caser une cascade la dedans. On descend un escalier, et on tombe là dessus :
Rien à dire. On se croirait dans un film, ou juste dans un autre monde. 30 m de chutes d'eau, avec un arc-en-ciel par dessus, ça restaure la foi en l'humanité. C'est bête mais c'est comme ça.
L'histoire raconte que ces chutes appartenait à Tomas Tomasson (soit Tomas, fils de Tomas), à qui une proposition de rachat à été faite, ce à quoi il a répondu, historiquement "Je ne vends pas, mon ami". Après la mort de Tomas, le projet fut lancé, et sa sigriður, s'est battue sa vie durant pour empêcher cela. Elle est considérée comme la première écologiste de l'histoire d'Islande, c'est dire.
Nous, on s'est contenté d'être touchés par la beauté du lieu, sous le soleil qui nous avait fait le plaisir de montrer le bout de son nez.
Une dernière photo de montagnes qui de loin ressemblent à Evian :
Et nous voilà à nouveau dans la voiture. La nuit ne vas pas tarder, on redescend sur la route 1, direction Reykjavik. On hésite à faire un petit arrêt à Hveragerði , qui se trouve se trouve être une aire géothermique réputée pour ses sources chaudes. La marche pour les atteindre n'est que de 2h aller-retour, mais il est 18h, et il se met à neiger, ce qui nous dissuade de tenter l'aventure. On aurait eu un maillot de bain, on y serait allé. Ce sera pour la prochaine fois.
On rentre donc chez nous, pour manger, et à 23h, on fait une vaine tentative pour aller voir les aurores boréales. Le ciel couvert aura raison de notre bonne volonté. On ne peut pas tout avoir dans la même journée...
On espère bientôt pouvoir se baigner dans les sources chaudes du blue lagoon, aller voir les macareux, visiter un peu le nord de l'Islande.... On a encore de quoi faire dans le coin...